Suite au rapport Spinetta sur l'avenir du ferroviaire qui lui a été remis jeudi dernier, Edouard Philippe a tenté ce 20 février de calmer les inquiétudes sur de possibles fermetures de petites lignes en France. "L'avenir de ces petites lignes, ça n'est pas le gouvernement qui peut le déterminer. C'est probablement le gouvernement qui est le moins bien placé pour le déterminer", a fait valoir le Premier ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Leur avenir "dépendra de discussions qui auront lieu avec les régions, dont c'est une partie de la responsabilité, avec l'entreprise, dans le cadre des schémas d'aménagement qui sont prévus par la loi", a-t-il insisté en réponse au député UAI (UDI, Agir et indépendants) du Nord Guy Bricout. Quant à d'éventuelles décisions de fermer certaines lignes, "ce serait absurde de le dire maintenant et d'aussi haut si j'ose dire, d'aussi loin du terrain", a-t-il encore affirmé.
Sans préconiser explicitement de fermetures de lignes, le rapport Spinetta propose un audit des "petites lignes", qui mobilisent 16% des moyens consacrés au ferroviaire et transportent seulement 2% des voyageurs.
Matignon avait déjà affirmé qu'"aucune décision ne (serait) engagée sans discussion étroite avec les régions et les territoires" et assuré du respect des "engagements pris dans les contrats de plan Etat-région (CPER)".
"L'important, c'est de vérifier ligne par ligne quelle est la bonne façon d'assurer la mobilité. Et je ne doute pas qu'y compris sur les petites lignes, il faudra conserver du transport ferroviaire, bien entendu", a déclaré Edouard
Philippe. "Peut-être sur d'autres, les régions, dans le cadre de leur politique d'aménagement, pourront-elles par un choix raisonné, discuter d'avoir recours à d'autres formes de mobilité", a-t-il ajouté, en allusion aux autocars souvent évoqués pour remplacer les lignes à faible trafic.
Le Premier ministre a fait part de sa détermination à mener la réforme, qui s'annonce très sensible dans une SNCF aux mouvements sociaux en mesure de paralyser le pays."Si nous voulons sauver le système ferroviaire, disons-le clairement, nous devrons prendre des décisions", a insisté Edouard Philippe face aux députés.
L'APVF "très préoccupée" par l'avenir du ferroviaire
De nombreux élus locaux ou encore des écologistes, ont exprimé leur inquiétude après la remise en cause de petites lignes ferroviaires par le rapport Spinetta, en réclamant leur maintien.
Dans un communiqué diffusé ce 19 février, l'Association des petites villes de France (APVF) s'est dite à son tour "très préoccupée". Elle affirme ne pas partager les préconisations de l'ancien président d'Air France concernant les "petites lignes" et le recentrage du transport ferroviaire autour des grandes agglomérations et des dessertes TGV entre les principales métropoles. "C’est une fois de plus toute une partie du territoire et sa population qui risquent d’être sacrifiées et pénalisées au nom d’une logique purement financière qui ne prend pas en considération la notion d’aménagement équilibré du territoire, dont le fer est un des leviers essentiels, estiment les élus des petites villes. On ne peut évoquer sans cesse les difficultés et le décrochage de la 'France périphérique' et du monde rural, ou encore les conséquences environnementales du 'tout voiture' et du trafic routier, si on ne prend pas en compte la place déterminante du système ferroviaire dans une logique de cohésion des territoires et de transition vers une mobilité 'bas carbone'."
Les élus affirment ne pas être "hostiles à une réflexion et à une vaste concertation en vue de réformer un système de transports du quotidien (…), à la stricte condition de dépasser la simple logique financière et une vision uniquement métropolitaine de la question des transports en France".
Les petites lignes, "grandes d'un point de vue local"
Reçue ce 20 février par Edouard Philippe, dans le cadre de la "première phase" de concertation lancée lundi par le chef du gouvernement et sa ministre des Transports, Elisabeth Borne, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a elle aussi demandé le maintien d'un "grand nombre" de ces petites lignes. "Il faut distinguer petites lignes et (vraies) petites lignes, mais beaucoup sont des lignes régionales de grande utilité pour les usagers, a déclaré Bruno Gazeau, président de la Fnaut à sa sortie de Matignon. Et donc, on souhaite qu'il y ait là-dessus plus de concertation, plus de dialogue et plus d'examen local. Et globalement qu'un grand nombre de petites lignes ou de lignes régionales puissent être maintenues en donnant aux régions les moyens de les maintenir." Selon lui, "il faut des débats régionaux, ça ne s'organise pas depuis Paris. Les petites lignes sont petites vues de Paris, mais elles sont grandes d'un point de vue local". Pour l'association, "si l'Etat concentre les services publics" comme les universités ou les hôpitaux, cela implique plus de transport "et donc il faut maintenir de la mobilité".
La Fnaut a également proposé de poursuivre la hausse des taxes sur les carburants afin de financer les infrastructures ferroviaires, dont elle souhaite la poursuite du développement. "Aujourd'hui, la fréquentation ferroviaire réaugmente, à un rythme considérable de 7 à 8% par an (...) il faut aussi un peu de désir de développer le ferroviaire : si on ne fait que contracter, ça sera difficile de mobiliser l'entreprise", a souligné Bruno Gazeau.
L'association de défense des usagers a en revanche livré un satisfecit sur plusieurs points du rapport : la priorité au transport du quotidien, la confirmation de la "prééminence" de SNCF Réseau pour le réseau ferroviaire et la transformation de SNCF Mobilités en société anonyme qui "est une façon de défendre la SNCF" face à l'ouverture de la concurrence.
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