Les deux mois de confinement en 2020 ont mis les projecteurs sur les situations de violences conjugales. Certains territoires n'ont pas attendu cette situation exceptionnelle pour s'organiser, comme celui de la communauté de communes Ambert Livradois Forez (58 communes, soit 28.800 habitants sur 123.000 hectares) entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. Depuis plus de dix ans, l'ensemble des communes, l’intercommunalité, le centre intercommunal d'action sociale (CIAS), des professionnels de structures publiques, et des professionnels libéraux se sont organisés au sein d’un réseau de protection des femmes victimes de violences conjugales, le réseau REPROF. Les objectifs de ce réseau ? Faciliter l'accès aux droits, garantir la sécurité notamment par l'hébergement, et aider les femmes et leurs enfants à se reconstruire. Dans ce cadre, le CIAS joue un rôle majeur pour la mise à l’abri par l’hébergement des femmes en danger.
La mise à l'abri par l’hébergement gérée par le CIAS
La porte d'entrée de l’accompagnement dépend de la première demande. Très souvent, il s'agit d'une mise à l'abri. Un protocole de coopération relative à l’hébergement d’urgence des victimes de violences conjugales sur la communauté de communes a été signé en 2016, réactualisé en 2018. C'est la responsable du service Solidarité du CIAS d'Ambert Livradois Forez qui s'occupe de trouver, dans un premier temps, un logement d'urgence pour quelques jours, en puisant sur les 14 logements mis à disposition par la communauté de communes et les communes membres. Pour chaque logement attribué dans ce cadre, deux élus référents des secteurs mettant à disposition des logements, se chargent d'accueillir et installer la femme dans son logement. C'est la première étape d'une vie à reconstruire.
La responsable du service Solidarité du CIAS, Émilie Faye, peut également se charger de cette mise à l’abri et reste la référente pour l'accompagnement global de la personne. "Mon rôle est notamment d’orienter la victime dans un des logements, de la mettre à l’abri le plus rapidement possible et, parallèlement, de l'aider à trouver un nouveau logement. Au-delà, s'il faut organiser un dépôt de plainte auprès de la gendarmerie, c'est moi qui fais le relais", précise la responsable de service. En 2019, dix-sept femmes victimes de violences conjugales ont été prises en charge par le CIAS. Douze ont bénéficié d’un relogement d’urgence et cinq uniquement d’un accompagnement.
Faire "culture commune"
La force du réseau REPROF est qu'il permet de répondre à toutes les situations, car il implique les compétences les plus variées : des professionnels de santé (infirmière, infirmière scolaire), le contrat local de santé (coordinateur territorial santé), la maison des solidarités (assistantes sociales et travailleurs sociaux du conseil départemental), le centre hospitalier, les centres médicopsychologique (CMP) pour enfants et adolescents, et pour adultes, des associations de lutte contre l’addictologie, la mission locale (psychologue), le Planning familial, le relais Santé (infirmière, psychologue, assistante sociale), le service pénitentiaire d'insertion et de probation (Justice), et la gendarmerie, la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (État), l'agence régionale de santé. "Ce travail de réseau facilite l’émergence d’une culture commune : par exemple pour faire comprendre aux différents intervenants – gendarmes, travailleurs sociaux, etc. - qu'une femme peut avoir hésité plusieurs fois à quitter son conjoint avant de réussir à faire ce pas, souligne la responsable du service Solidarité du CIAS. L'autre intérêt est qu’il a permis de développer une communication pour sensibiliser les enseignants, les élus et la population en général. Le but étant de favoriser les signalements de situations difficiles, afin d'intervenir le plus tôt possible grâce à la détection précoce."
Développer des outils qui faisaient défaut
Après avoir bénéficié de formation au départ, le réseau a développé ses propres outils. À commencer par un annuaire dématérialisé pour repérer qui fait quoi et une plate-forme d’échanges. Au quotidien, le principe est de s'appuyer sur les dispositifs, ressources et compétences de chacun. Un dépliant format "carte de crédit" a également été édité, rassemblant les coordonnées de toutes les structures pouvant venir en aide aux victimes. Des campagnes de sensibilisation sous forme d’Escape Game par exemple, et des conférences ont été organisées.
Reste que le réseau a aussi impulsé ou aidé à l'émergence de nouveaux dispositifs qui faisaient défaut. Comme la prise en charge du transport en taxi des victimes de violences qui n'entrent pas dans le cadre du dispositif départemental, pour transporter les victimes au centre de victimologie à Clermont-Ferrand, mais également pour les rendez-vous juridiques.
Une convention a ainsi été passée entre le Rotary Club d’Ambert et la communauté de communes pour payer des trajets plus longs, par exemple pour qu'une femme puisse rejoindre des parents éloignés.
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