Domaines skiables de France (DSF), la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables, a tenu son 82e congrès à Grenoble au début du mois d'octobre, en présence de Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, en charge du tourisme. Cette réunion a eu lieu alors que la saison d'hiver 2020-2021 s'annonce sous des auspices plutôt sombres en raison du covid-19. A cette occasion, DSF, qui regroupe 250 stations accueillant 10 millions de touristes, a adopté "une feuille de route environnementale de 16 éco-engagements pour préserver la montagne", avec un objectif affiché : atteindre la neutralité carbone, dès 2037, avec zéro émission de CO2. Une façon à la fois de s'inscrire dans la dynamique du développement durable et d'atténuer la dépendance des stations aux seuls sports d'hiver.
Vers des engins de damage à hydrogène
Pour Alexandre Maulin, président de DSF, "les responsables de domaines skiables sont aux avant-postes pour constater les impacts du réchauffement climatique sur la montagne : fonte des glaciers, chute de roches, dégel du permafrost, variabilité accrue des précipitations neigeuses. Notre activité joue un rôle clé dans l'aménagement des territoires de montagne, car notre secteur fait vivre 120.000 personnes, plus les emplois indirects dans les vallées".
Les engagement adoptés, très concrets, couvrent cinq domaines : climat et énergie, eau et agriculture, biodiversité, paysage et déchets. En matière de climat et d'énergie, l'objectif est de bâtir un nouveau modèle énergétique pour les engins de damage des pistes, car 95% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des domaines skiables sont liés à l'usage d'engins de damage fonctionnant au gasoil (les remontées mécaniques étant pour leur part décarbonées, car fonctionnant à l'électricité). Après concertation avec les constructeurs et des scientifiques, la réponse passe par l'usage de l'hydrogène et les premiers prototypes seront dévoilés d'ici 3 à 5 ans. Pour le déploiement, il faudra que les élus des territoires de montagne contribuent à l'installation, dans les vallées, de sites de production et de systèmes de distribution d'hydrogène vert, susceptibles de servir aussi aux transports publics et aux camions. En attendant, les domaines skiables s'engagent à former leurs conducteurs d'engins à l'éco-conduite, afin de réduire de 5 à 10% la consommation de gasoil et les émission de GES. Il en sera de même, sous deux ans, pour tous les conducteurs de télésièges, télécabines, téléphériques, ce qui permettra d'abaisser les consommations électriques de 10 à 20%.
Neige de culture, eau, biodiversité et paysages
En matière d'eau et d'agriculture, l'enjeu central est celui de la neige de culture. Les domaines skiables s'engagent à lisser leurs prélèvements dans le temps, en stockant de l'eau, dès que la production annuelle de neige nécessite plus de 100.000 m3 d'eau. Ils s'engagent également à optimiser les volumes de neige artificielle et à partager l'eau avec les éleveurs, ainsi que pour les besoins de réserves incendie ou d'eau potable le cas échéant.
Sur la biodiversité, chaque exploitant réalisera, sous cinq ans, un inventaire des connaissances environnementales des espaces naturels concernés. Les remontées mécaniques seront équipées de repères visuels pour alerter les grands rapaces qui peuvent parfois se blesser avec les câbles en mouvement.
Sur les paysages, facteurs d'attractivité de la montagne, l'engagement porte sur la végétalisation de 100% des zones d'intervention situées dans les zones herbeuses, après chaque travaux d'aménagement ou d'infrastructure, et cela en utilisant exclusivement des semences endémiques. En outre, il sera déployé, dès l'été 2021, un dispositif d'élimination des remontées mécaniques abandonnées, pour atteindre en 2023 un objectif de trois installations par an au minimum.
Enfin, en matière de déchets, l'objectif est, pour chacun des adhérents de DSF, d'organiser au moins une fois par an une opération de ramassage sur chaque station ou site. Des dispositifs de sensibilisation des skieurs et des randonneurs à la réduction des déchets, seront par ailleurs mis en œuvre, en partenariat avec des associations.
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