A l'occasion d'un congrès international sur "L'eau en montagne" qui se tient jusqu'au 23 septembre à Megève, experts et élus locaux s'interrogent sur les dangers que font peser le réchauffement climatique et l'explosion du tourisme sur ces véritables réservoirs d'eau que constituent les montagnes.
"Les montagnes concentrent une part importante des précipitations, tous les grands fleuves du monde y prennent leur source, elles sont les châteaux d'eau de la planète", a souligné Jean-François Donzier, directeur général de l'Office international de l'eau. Or, elles sont très sensibles aux changements climatiques. Les experts des Nations-unies tablent sur une hausse des températures de 1,4 à 5,8 degrés d'ici à 2100 dans le monde, une évolution qui risque de bouleverser les activités montagnardes.
"Le réchauffement climatique pose le problème du stockage et du déstockage de l'eau sous forme de neige et de glace", a expliqué Jean-François Donzier. Si les précipitations neigeuses se transforment en glace l'hiver, le stockage en altitude et les débits restitués en été, quand les agricultures des plaines doivent être irriguées, en seront profondément modifiés. Globalement, les précipitations des dernières années n'ont pas diminué "mais c'est la répartition saisonnière de ces précipitations qui est en train de basculer avec un renforcement des phénomènes climatiques extrêmes", a fait remarquer Pierre Lachenal, directeur de la Société d'économie alpestre de Haute-Savoie. La fonte des glaciers doit également être prise en compte : "On rajoute 8 à 10 m d'échelle par an pour pouvoir accéder à la Mer de glace à Chamonix", a indiqué Martial Saddier, président de l'Association nationale de l'eau de montagne.
Et si le climat se radoucit que vont devenir les stations de sports d'hiver ? "La neige est une composante particulièrement sensible au réchauffement de l'atmosphère, la réduction de l'enneigement va s'accentuer, la diminution étant plus marquée en moyenne montagne en dessous de 1.800 m", a indiqué Pierre Etchevers, du centre Météo France. Beaucoup de stations ont dû s'équiper massivement d'installations pour produire de la neige, mais comment concilier l'essor de ces canons à neige avec les besoins en eau potable des touristes quand les populations des communes concernées décuplent en pleine saison de ski ?
Et quand les touristes sont partis, ce sont les troupeaux d'alpages l'été qui posent problème par les contaminations fécales de l'eau. Les bergers s'efforcent de protéger les eaux de captage en altitude, mais quand les bêtes doivent traverser les torrents, elles les salissent, reconnaissent-ils. Les scientifiques cherchent à mesurer l'incidence du pastoralisme sur la qualité de l'eau mais soulignent que les connaissances sur la "dynamique des contaminations micro-biologiques de l'eau" sont encore partielles.
Plus généralement, les élus locaux souhaiteraient plus de solidarité "amont-aval". Les zones de montagne couvrent un tiers du territoire de l'Union européenne. Pourtant, malgré leur spécificité, "les montagnes ne sont pas reconnues en tant que telles au niveau européen. C'est regrettable car les investissements justifieraient un appui financier européen", a estimé le sénateur Jean-Paul Amaudry (Haute-Savoie).
AFP
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