Mathieu Gamba faisait la une du site internet du conseil régional d’Ile-de-France, mercredi 12 janvier 2011. Depuis 2009, cet homme de 32 ans est coopérant de la région en Haïti. Et un an jour pour jour après le terrible séisme qui a ravagé le pays, Mathieu Gamba a pu détailler aux internautes franciliens tous les soutiens déjà apportés par leur conseil régional : 350.000 euros débloqués en urgence en faveur de quatre ONG humanitaires, 150.000 euros engagés en juillet pour la construction de neuf classes face à l’afflux de réfugiés aux Gonaïves, 50.000 euros attribués à une association contre le choléra…
L’Ile-de-France n’est pas la seule collectivité territoriale à avoir communiqué sur son aide à Haïti au premier anniversaire de cette catastrophe dont le bilan revu à la hausse s'établit à 316.000 morts, selon le gouvernement haïtien. Certes, ce séisme encore plus meurtrier que le tsunami de 2004 a finalement suscité trois fois moins de dons aux ONG françaises – près de 100 millions d’euros tout de même. Mais les collectivités, pour leur part, se sont engagées en nombre auprès des Haïtiens. Et pas seulement dans le cadre d’éventuelles conventions de coopération ou d’aide au développement : depuis la loi Thiollière du 2 février 2007, les collectivités peuvent également mobiliser une aide d’urgence aux populations en détresse.
50 % à la reconstruction
Dès les lendemains du séisme, l’Assemblée des départements de France (ADF) et l’Association des maires de France (AMF) avaient ainsi invité les collectivités à abonder le fonds de concours mis en place par le ministère des Affaires étrangères "afin d’éviter la dispersion des moyens et permettre la coordination des initiatives". A la fin de l’année 2010, 1.429 communes, 51 communautés de communes, 16 départements et 1 région y avaient contribué ; près de 2,1 millions d’euros avaient ainsi été rassemblés. La somme a permis pour l’essentiel de soutenir sept ONG humanitaires.
En outre, bien des collectivités se sont investies directement auprès de Haïti. Dès janvier 2010, l’Association des régions de France (ARF) avait ainsi annoncé que ses membres aideraient "à la reconstruction des lycées haïtiens aux normes antisismiques" ; l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) avait elle-même appelé à donner à l’Unicef… Au total, d’après la délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (Daect) du Quai d’Orsay, les collectivités ont mobilisé près de 4,2 millions d’euros pour les ONG et plus de 2,2 millions pour divers organismes – par exemple, en Alsace, à l’Institut régional de coopération-développement (Ircod). Enfin, Cités unies-France, association qui fédère les collectivités engagées dans la coopération internationale, a recueilli près de 0,6 million d'euros. "A ce stade, ce serait donc un montant total de plus de 9 millions d’euros, réparti pour 50 % aux opérations d'urgence et pour 50 % à la reconstruction", évalue Martine Zejgman, adjointe au délégué de la Daect . A titre de comparaison, l’Etat français aura engagé "en 2010 et en 2011, 326 millions d’euros pour la reconstruction de Haïti", a fait savoir mercredi la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.
Unanimité
Au-delà d’un réflexe de solidarité, les collectivités françaises pouvaient avoir quelques motivations particulières pour aider Haïti. Les élus locaux ont notamment pu être sensibles aux difficultés d’une ancienne terre française… Ainsi le conseil régional d’Ile-de-France a-t-il voté en janvier 2010 son aide "à l’unanimité, à main levée, ce qui est rare", note le chargé de mission Gérard Sournia. "Dès qu’on parle de francophonie, l’UMP et le FN sont toujours très en pointe… J’ai d’ailleurs le sentiment que sur ce sujet la gauche a évolué : elle pouvait considérer autrefois la francophonie comme néocolonialiste. A tort."
En outre, à l’instar de l’Ile-de-France, une trentaine de collectivités étaient déjà engagées dans une coopération décentralisée en Haïti : Aquitaine, Hauts-de-Seine, Nantes métropole, La Rochelle… La ville et la communauté urbaine de Strasbourg intervenaient ainsi depuis 1991 à Jacmel, au sud du pays : 40.000 euros ont été mobilisés dès les lendemains du séisme.
Enfin, les collectivités françaises des Antilles ont pu se sentir plus particulièrement touchées, de par leur proximité géographique et la forte présence de communautés haïtiennes sur leurs sols. Le conseil régional de Martinique a ainsi mis en place une cellule de crise avant de voter une aide de 2 millions d’euros pour la reconstruction.
De ce beau montant, seule une partie a été dépensée… "Il s’agit quand même de l’argent du contribuable, souligne-t-on au conseil régional. Nous recherchons des garanties et des partenariats afin d’utiliser au mieux cet argent." La région a par exemple contribué pour près de 180.000 euros à un projet d’Electriciens sans frontières. De fait, "ce pays est compliqué : les urgences et les catastrophes se succèdent, et les besoins d’hier ne sont jamais ceux d’aujourd’hui", ajoute Gérard Sournia, en Ile-de-France, où une enveloppe totale de 1 million d’euros a été votée. Raison de plus, pour de nombreux élus, de s’investir auprès du peuple haïtien.
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